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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/14

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au canada et chez les peaux-rouges

neur des armes françaises et rejeta les Anglais dans Québec. Mais la disproportion des forces des deux combattants rendait la lutte impossible. Lévis se replia sur Montréal et la reddition de cette ville, le 8 septembre 1760, mit fin pour jamais à la domination de la France sur une terre où l’esprit de sacrifice et de dévouement à la mère patrie n’avait pas un instant cessé de battre dans tous les cœurs. Le 10 février 1763, le traité de Paris cédait à l’Angleterre les immenses et fertiles territoires que Voltaire, en courtisan aussi plat qu’ignorant, appelait si dédaigneusement quelques arpents de neige

À dater de ce moment commença, pour les 65,000 Français restés au Canada, une véritable lutte pour l’existence. Abandonnés à leur malheureux sort par tous ceux qui occupaient une situation tant soit peu influente, les infortunés colons serrèrent les rangs autour du clergé patriote qui était resté fidèle à son poste de combat. Bien que l’acte de cession à l’Angleterre ait garanti aux Canadiens l’usage de leurs lois et le libre exercice de leur religion, les vainqueurs traitèrent les vaincus avec un arbitraire et une rigueur excessifs. Toutes les lois françaises furent abolies et le pays fut gouverné militairement. Bientôt cependant l’agitation des colonies de la Nouvelle-Angleterre fut cause d’un adoucissement de régime au Canada ; l’acte de Québec (1774), rétablissant les lois françaises, amena, pour un temps du moins, une période d’apaisement et de calme. Aussi quand le général américain Montgomery envahit le Canada, en 1775, les habitants de ce pays restèrent indifférents, d’autant plus qu’ils n’avaient jamais eu que de l’antipathie pour ceux que, même après leur indépendance, ils désignaient sous le nom de Bostonais. Montgomery fut repoussé et tué à l’assaut de Québec (31 décembre 1775).

Mais à peine le danger était-il passé que la tyrannie du gouvernement anglais se fit sentir de nouveau dans toute son odieuse rigueur. Tout fut mis en œuvre pour angliciser le pays. Mais le courant d’émigration qui, depuis le traité de Versailles de 1783, amenait des États-Unis dans le haut Canada un fort contingent de population anglaise, ne réussit pas à donner un appui suffisant aux Anglais pour le triomphe de leur nationalité. L’attitude des Canadiens déjoua tous les calculs. Alors en vue d’amener un apaisement entre les deux races, le Parlement métropolitain accorda une constitution aux Canadiens (1791). Le