Aller au contenu

Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
LES PEAUX-ROUGES

visage couvert de vermillon. D’autres sont peints en jaune ocre ; enfin il y en a qui se teignent en vert. Ils sont ordinairement drapés dans de grandes couvertures à raies multicolores qui ne contribuent pas peu à leur donner un air singulier. Sous la couverture apparaît le bas d’un large pantalon à franges et à dessins de couleur. Leurs pieds, pour la plupart fort petits, sont chaussés de mocassins à broderies de différentes nuances. Sur les épaules flotte leur noire chevelure, dont une partie est nattée, celle qui tombe de chaque côté des tempes, et est enserrée à hauteur des joues dans des anneaux de cuivre. Quelques–uns ont les cheveux de devant taillés en brosse et peints en vert, ce qui fait un singulier contraste avec le reste de la coiffure que dissimule parfois une toque de plumes. Ils fument la pipe et acceptent sans se faire prier le tabac que nous leur offrons. Leur grande occupation est de ne rien faire.

Nous nous rendons à la maison de l’agent du gouvernement, qui est en même temps le fermier chargé d’apprendre aux Sauvages à cultiver la terre. Ce fermier est, avec sa femme, le seul blanc installé sur la réserve des Sarcis ; il est en bons rapports avec ces derniers, mais ses efforts pour les faire travailler sont à peu près sans résultat. Il en est de même sur toutes les réserves, et, sans les traités passés avec le gouvernement de la Puissance, les Indiens ne trouveraient plus à vivre.

Ces traités ne datent que d’une douzaine d’années. Jusqu’à cette époque, Sauvages et colons ne s’étaient guère trouvés en contact les uns avec les autres que par l’intermédiaire des Métis et des trappeurs ; aussi vivaient-ils dans la plus complète indépendance les uns des autres. Mais, après la formation de la province de Manitoba en 1870, le courant d’émigration qui se portait vers cette province commença à se diriger vers le Nord-Ouest, jusqu’alors domaine incontesté des Peaux-Rouges. Le colon suivait le chasseur et s’installait souverainement sur les terres qui lui convenaient, non sans avoir maille à partir avec les Sauvages. Ceux-ci, de leur côté, voyaient leur principale ressource, le buffle, diminuer d’une façon inquiétante et se demandaient s’ils ne seraient pas bientôt réduits à la famine. C’est alors que le gouvernement d’Ottawa entreprit de traiter avec les Peaux-Rouges et fit toutes les ouvertures auprès d’eux.

Les Indiens ont toujours été et sont encore aujourd’hui disséminés