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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/197

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LES MONTAGNES ROCHEUSES

Le ranche Cochrane se compose d’un enclos couvert, pour les moutons, qui ne pourraient sans cela résister à l’hivernage, et d’un autre, qui n’a pour toiture que la voûte céleste. Ce dernier est réservé aux chevaux et au gros bétail. Si l’on ajoute un abri pour les étalons et une maison en bois pour les rancheros, on a une idée complète de l’établissement.

Les ranches canadiens sont d’origine toute récente. Le premier date de 1881 et fut fondé par le sénateur Cochrane, chez qui nous sommes et par M. Mac Eachran, directeur de l’école vétérinaire de Montréal. Depuis cette époque, grâce à l’achèvement du chemin de fer du Pacifique, des étendues de terrain considérables ont été consacrées à l’élevage des chevaux et du bétail. Les animaux doivent se nourrir eux-mêmes hiver comme été et vivent presque à l’instar des bêtes sauvages. Le propriétaire d’un ranche n’a guère à sa charge que la surveillance de son troupeau dont la valeur s’augmente chaque année par le croît. Afin de permettre aux rancheros de reconnaître leur bien, une grande réunion de tous les propriétaires, cow-boys et troupeaux, a lieu deux fois par an, au printemps et à l’automne, aux environs de Calgary. Là, on procède à la marque du bétail et l’on règle les différends qui ont pu surgir.

Les ranches qui augmentent chaque jour comme nombre et comme importance (il y a des troupeaux de 10 à 13,000 têtes), sont tous situés sur le versant oriental des Montagnes Rocheuses, à une altitude de 12 à 1,500 mètres. Le climat y est assez doux l’hiver, et la neige, qui n’y est jamais très haute, fond assez rapidement sous les effluves des vents chauds venant de l’océan Pacifique. Grâce à l’absence de population, les troupeaux ont un espace considérable pour se mouvoir et trouver une nourriture qui ne manque jamais, même en hiver, car les bêtes savent parfaitement gratter la neige pour trouver l’herbe qu’elle recouvre. La mortalité du bétail est ordinairement de 5% ; parfois elle descend jusqu’à 2%. Un ranche bien choisi, c’est-à-dire près d’un cours d’eau, sur un sol bon pour le pâturage et sur un terrain mouvementé, qui procure un abri contre les tourmentes, donne de beaux bénéfices qui sont ordinairement de 30 à 40% et atteignent parfois 70 et 75%. Mais l’élevage a quelque chose d’assez aléatoire, car une épidémie, une tempête de neige (blizzard) peuvent tarir la source