XI
colonisation française et avenir
Avant de terminer ces notes de voyage, je désire consacrer quelques lignes à la colonisation française au Canada. L’idée d’émigration qui s’y rattache m’amène tout naturellement à envisager l’éventualité d’une impulsion à donner, vers le Dominion, à l’émigration française qui se dirige vers l’Amérique du Nord. On dira peut-être qu’encourager l’émigration est contraire aux intérêts de la France, que l’émigration affaiblirait et appauvrirait. Cela n’est pas exact.
Et d’abord l’émigration, bien loin de produire ce résultat, enrichit au contraire un pays, car il s’établit forcément, entre l’émigré et ceux qu’il a laissés dans la mère patrie, un courant de relations et d’affaires qui contribue à ouvrir de nouveaux et parfois d’importants débouchés commerciaux entre la nouvelle patrie de l’émigré et son pays d’origine. Il suffit pour s’en convaincre de citer comme exemple l’Angleterre et l’Allemagne. C’est grâce à ses émigrants et à ses colonies que l’Angleterre est un pays prospère doté d’un mouvement commercial considérable. Et si l’Allemagne ne peut invoquer ses possessions coloniales, elle peut établir qu’elle entretient un commerce des plus développés avec les États-Unis, où dix millions de ses enfants ont émigré depuis cinquante ans.