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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/210

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AU CANADA ET CHEZ LES PEAUX-ROUGES

Chaque année l’émigration prend des proportions croissantes dans le Royaume Uni, ainsi que dans l’empire d’Allemagne et, malgré cela, la population augmente sans cesse dans ces deux pays. Ce sont surtout ceux qui sont à l’étroit qui émigrent ; le vide qu’ils laissent est aussitôt comblé et assure le développement de leurs voisins. Tous deux y gagnent et l’État n’y perd rien.

En second lieu, ceux qu’une situation difficile pousse à tenter au loin la fortune et ceux qui, pour des raisons diverses, veulent quitter la mère patrie, émigreront toujours. Pourquoi dans ce cas ne pas diriger cette émigration au lieu de la laisser se perdre aux quatre coins du globe sans profit aucun pour l’avenir de la race et de la langue françaises ?

Ceux qui habitent le midi de la France trouveront en Algérie et en Tunisie un sol fertile qui ne demande qu’à être mis en valeur, de la place à discrétion dans un milieu où ils se feront vite, et cela à une distance des plus rapprochées de leur pays d’origine. Les autres colonies françaises, pour la plupart si dissemblables comme climat et comme genre de vie, ne sauraient entrer en comparaison avec l’Afrique septentrionale à titre de colonie de peuplement.

Par contre, ceux qui sont enfants du nord ou des froides régions des montagnes trouveront au Canada, plutôt qu’aux États-Unis, un climat qui se rapproche du leur, d’immenses terres vierges pleines d’avenir, et, avec une liberté sans égale, un peuple ayant avec eux une communauté de mœurs et d’origine.

Ce n’est pas seulement une question de proximité relative et de rapports commerciaux qui fait établir cette division. Ces deux courants d’émigration doivent se déterminer ainsi d’après les lois de l’hygiène, car il est démontré qu’en général l’homme du nord s’acclimate mal sous le soleil d’Afrique et que l’homme du midi a peine à se faire aux froids hivers du Canada.

Mais pourquoi l’émigration française dans l’Amérique du Nord doit-elle se diriger vers le Canada plutôt que vers les États-Unis ?

C’est d’abord parce que le Canada est un pays plus neuf, plus ouvert, plus accessible, plus sympathique à l’émigrant qui, 99 fois sur 100, ne parle que sa langue maternelle, et qui trouvera là-bas une population de sa race, de sa langue et de sa religion, ayant gardé le