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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/43

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QUÉBEC

donne le recensement de 1881 il n’y a pas moins de 1,073,820 Français, et le nombre total des Canadiens-Français ne s’élève dans toute la Puissance qu’à 1,298,929, chiffre aujourd’hui bien dépassé.

Le Parlement de la province de Québec comprend un conseil législatif de 24 membres nommés à vie par le gouverneur général en conseil et une assemblée législative de 65 membres élus tous les cinq ans.[1] Dans tous les Parlements canadiens, les membres se divisent en Anglais et Français, si on considère seulement la question de race, et en conservateurs et libéraux si on se place au point de vue politique pur, le plus important de tous et presque toujours le seul à considérer depuis que les deux races exercent une espèce de condominium.

Le Conseil législatif renferme une majorité française très considérable. Il en est de même de l’Assemblée législative. Au point de vue de la représentation des races, un accord tacite est intervenu entre Français et Anglais, lors de la formation de la Confédération de 1867, pour répartir les sièges selon la prédominance de l’un ou de l’autre élément dans chaque comté. Bien que l’élément français ait sensiblement gagné en nombre depuis cette époque, cet accord tacite subsiste toujours et il s’ensuit que des députés de race anglaise représentent encore des comtés où la majorité de la population est devenue française. L’élément français pourrait facilement revendiquer ce qui lui revient en droit, et, s’il ne le fait pas, c’est sans doute pour qu’on use de réciprocité à son égard dans les provinces de l’ouest où la nationalité anglaise a pris le dessus à la suite d’une émigration aussi considérable que rapide.

Le palais du Parlement touche presque aux extrémités de la basse ville ; mais pour se rendre dans cette dernière il faut descendre un grand escalier en fer de plus de 120 marches, ou suivre les rampes qui passent au pied des anciens remparts conservés entre la vieille ville et la cité agrandie. Si celle-là est aujourd’hui le quartier général des Anglais de Québec, qui sont du reste peu nombreux, car sur 62,446 habitants on ne compte que 14,344 Anglo-Saxons, dont 10,224 sont Irlandais celle-ci, au contraire, est le quartier français par excellence. Ce fut chose facile à constater lorsque les délégués français, conduits par le maire, les représentants du conseil de ville et les membres du comité

  1. Le nombre des membres de l’Assemblée a été élevé à 73 (1890).