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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/45

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QUÉBEC

signal donné, personnel et matériel sont rendus sur le théâtre du danger. Lorsque le signal avertisseur est mis en mouvement, un carillon retentit dans le poste de pompiers. Les hommes de service, étendus tout habillés sur leurs lits, sont réveillés par une bruyante sonnerie. Par un jeu automatique de ressorts, les portes des stalles, où sont enfermés les chevaux, s’ouvrent aussitôt et les chevaux, qui ont été dressés à cet exercice, viennent se placer d’eux-mêmes sous les harnais suspendus au plafond. En un tour de main les attelages sont prêts et dirigés vers le lieu du sinistre.

Sur l’invitation du maire de Québec, l’avertisseur est mis en mouvement. Au bout d’une minute, accourt, au triple galop et en sonnant de la cloche, un char portant une échelle de secours qui se dresse automatiquement. En une minute et demie, la première pompe est rendue sur les lieux du sinistre présumé, et, une demi-minute après, le tuyau, le boyau, pour employer l’expression locale, est déroulé et vissé à la bouche d’eau la plus voisine. Quelques secondes après, un puissant jet d’eau en sort et s’élève à une hauteur de 90 pieds. Une deuxième pompe arrive deux minutes après le signal donné et se place aussi rapidement. Enfin, au bout de quatre minutes, une puissante pompe à vapeur vient prendre place à son tour, et une demi-minute après, sa colonne d’eau, qui ne s’élève pas à moins de 420 pieds, presque la hauteur de la terrasse de Frontenac, inonde complètement le clocher de l’église Saint-Roch qui sert d’objectif. Pendant que les machines se mettent en position, un pompier gravit l’échelle roulante, qui atteint la hauteur d’un quatrième étage, et, muni d’un réservoir portatif, arrose avec sa lance tout ce qui se trouve à sa portée.

Dans un pays où beaucoup de maisons sont en bois, ainsi que la plupart des trottoirs, on comprend sans peine l’importance que les Américains attachent au service du feu.

Après les exercices de la brigade du feu, les délégués se rendent au nouveau port. La commission du havre a mis à leur disposition son vapeur de service afin de visiter tous les grands travaux destinés à transformer Québec en un port de premier ordre pourvu de tous les aménagements réclamés depuis longtemps par le commerce de cette ville. La vieille cité de Champlain assise, comme Anvers, sur les bords d’un fleuve magnifique accessible pour les navires du plus fort tonnage,