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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/46

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AU CANADA ET CHEZ LES PEAUX-ROUGES

ne possédait jusqu’ici que quelques quais situés au pied du rocher de la citadelle. Ces quais, privés pour l’avenir de tout développement possible par le fait même de leur situation, ne correspondaient plus aux besoins du trafic actuel. En outre, construits le long du fleuve même, sans bassin d’abri et de garage, ils laissaient les navires, qui venaient accoster, exposés aux courants violents qui accompagnent chaque jour le mouvement de hausse et de baisse de la marée. La différence d’étiage produite par la marée est, en moyenne, d’environ 7 mètres.

Afin de parer aux inconvénients de cette nature, on résolut de déplacer le centre maritime de Québec et de le reporter à l’embouchure de la rivière Saint-Charles, c’est-à-dire à proximité des établissements de commerce des grands faubourgs et dans une anse présentant, pour les navires, des avantages nautiques bien supérieurs à ceux de l’ancien port.

C’est dans cet estuaire que l’on construit le nouveau havre. L’un des bassins situé dans le port intérieur, aura 415 mètres du long. Ce premier bassin restera ouvert sur l’un de ses côtés et soumis à toutes les influences de la marée. Un autre bassin, attenant au précédent et beaucoup plus considérable, aura un développement de quais de 2,000 mètres et une superficie de 61,415 mètres. Ce sera un bassin à flot où 15 navires du plus fort tonnage pourront être amarrés en même temps le long des quais. La profondeur originelle, qui n’était, à marée basse, que de 4 à 5 mètres, va être portée à 8 et 9 mètres à l’aide de grandes dragues perfectionnées qui, en un seul tour, enlèvent un poids de terre de 2,500 kilos. Les travaux ne sont pas encore terminés que déjà les hangars, élévateurs, gares, commencent à apparaître de tous côtés. Il va sans dire que les lignes de chemin de fer ont leur débouché sur toutes les faces des nouveaux quais.

Les travaux, commencés en 1877, devaient être terminés en 1880 ; mais les entrepreneurs, qui ont rencontré, il est vrai, de grands obstacles d’exécution, n’ont pu remplir les conditions énoncées au cahier des charges. Néanmoins, on pensait, au moment de notre visite, que l’achèvement des travaux pourrait avoir lieu en 1886. La dépense totale s’élevait, au commencement de 1885 à 1,182,000 piastres, et les ingénieurs estimaient alors à 500,000 piastres le montant de la somme jugée nécessaire pour mener à bonne fin l’œuvre commencée.