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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/75

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MONTRÉAL

M. H. Mercier, député de Saint-Hyacinthe et, depuis 1883, chef de l’opposition libérale à l’Assemblée législative de Québec[1] ; M. Alphonse Lusignan, littérateur distingué, auteur de Coups d’œil et coups de plume ; M. F.-G. Marchand, poète et dramaturge, député de Saint-Jean à l’Assemblée et ancien ministre à Québec ; M. Hector Berthelot, fondateur et rédacteur en chef du journal satirique le Canard, etc.

Il faut signaler aussi la collaboration de M. Charles Savary, l’ancien député de la Manche qui, après des mésaventures trop connues en France, trouva asile dans les bureaux de la Patrie et de la Presse. Enfin, l’organe des libéraux a eu pour rédacteur le poète national Louis Fréchette, qui, sous le « nom de plume » de Cyprien, fut l’auteur de chroniques à sensation. Né à Lévis, le 16 novembre 1839, d’une famille originaire de Saint-Martin, île de Ré, Louis Fréchette eut une existence assez agitée, comme cela arrive souvent en Amérique. Il fut tour à tour traducteur au Parlement, avocat, journaliste, fondateur du Journal de Lévis, en 1865, imprimeur, député aux Communes, en 1874, secrétaire, à Chicago, d’une grande société de colonisation. Tout cela ne l’empêcha pas de produire de nombreuses œuvres poétiques dont les principales sont : Mes Loisirs, la Voix d’un exilé, Pêle-Mêle, les Fleurs boréales, les Oiseaux de Neige. Ces deux derniers ouvrages furent couronnés par l’Académie française, en 1880, et le poète canadien fut, à cette époque, le lion du jour dans toute la France. Devenu rédacteur en chef de la Patrie, en 1884, il quitta ce poste de combat l’année suivante. « C’est, dit-il dans une de ses lettres, pour me retirer à Nicolet, une charmante campagne, où, Dieu aidant, je vais avoir assez de loisirs pour chanter les héroïques légendes de l’histoire française en Amérique ».[2]

Après le journal rouge celui des castors.

En 1882, le parti ultra-catholique, qui n’avait plus de journal depuis la transformation du Nouveau-Monde, réussit à grouper 300 de ses membres qui se formèrent en Société et fournirent les fonds nécessaires à la publication d’une nouvelle feuille. L’Étendard parut le 27 janvier 1882, et devint l’organe reconnu des castors, nom sous lequel on désigne les ultramontains.

  1. Premier ministre, à Québec, depuis 1887.
  2. La Légende d’un peuple, publiée à Paris en 1888. Depuis 1889, M. Fréchette est greffier du Parlement de Québec.