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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/74

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AU CANADA ET CHEZ LES PEAUX-ROUGES

pouvait vivre sans les subventions de ses amis politiques et les annonces et encouragements provenant du gouvernement, ce qui souvent ne l’empêchait pas d’être réduit à la mendicité ainsi qu’il était advenu au National. La discussion s’échauffait et le bouillant sénateur s’impatientait. « Bref, dit-il, combien faudrait-il pour fonder une publication provisoire ? »

« 2 ou 3,000 piastres », répondit, un peu en l’air. M. Beaugrand. « Disons 2,500 », reprit M. Thibaudeau, « et je donne ma garantie personnelle que cette somme sera payée dans le délai d’un an, à celui qui fondera le journal. »

Après quelques minutes de réflexion, M. Beaugrand accepta la direction de la nouvelle feuille. Le jour même, il louait des bureaux rue Saint-Gabriel, dans une vieille maison, aujourd’hui démolie, qui avait vu naître et mourir le Moniteur canadien l’Union nationale. Le lendemain, 24 février, paraissait le premier numéro de la Patrie.

Les commencements furent difficiles. Le format était celui des petits journaux. Trois mois après il était agrandi et, le 1er janvier 1880, la Patrie adoptait le format des grandes feuilles tout en maintenant le prix du numéro à un sou. À l’anniversaire de sa fondation le journal tirait à 5,000 exemplaires. Ce chiffre est aujourd’hui de beaucoup dépassé, avec deux éditions par jour, à midi et à quatre heures. Le Peuple est l’édition hebdomadaire de la Patrie et son tirage est de 6 à 7,000 numéros.

La Patrie est l’organe attitré du parti libéral, le journal rouge comme l’appellent ses adversaires. Son directeur, M. Honorius Beaugrand-Champagne, a fait campagne au Mexique dans la fameuse contre-guérilla Dupin. Devenu journaliste (en 1869), il a fondé plusieurs feuilles aux États-Unis, à Fall-River (en français), à Saint-Louis (en anglais), puis à Boston (en français). Maire de Montréal en 1885, il a été fait chevalier de la Légion d’honneur la même année. À la même époque M. Marc Sauvalle a pris la rédaction en chef du journal. Sous-lieutenant de cuirassiers dans l’armée française jusqu’en 1880, M. Sauvalle fut ensuite rédacteur à l’Abeille, de la Nouvelle-Orléans, et rédacteur en chef du Trait d’Union, de Mexico, d’où il fut expulsé pour cause politique, sous la présidence du général Gonzalez.

Parmi les principaux collaborateurs de la Pairie se trouvent :