Aller au contenu

Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

majorité. Aux Communes il n’y a point, à proprement parler, de groupe français ou anglais, pas plus qu’il n’y a de groupe catholique ou orangiste. Il n’en était pas ainsi à l’époque où le grand Papineau faisait retentir la tribune des justes revendications de ses compatriotes. L’union du Haut et du Bas-Canada changea la face des choses, et avec des hommes d’État comme Lafontaine, Morin, Étienne Taché, George Cartier, dont la statue s’élève depuis peu sur la place du Parlement, les questions de races firent place aux questions purement politiques. Français et Anglais légifèrent aujourd’hui côte à côte sans se froisser, et, en fait, il n’y a plus que des conservateurs et des libéraux. La politique d’apaisement triomphe enfin ; mais par quelles luttes n’a-t-il pas fallu passer pour y arriver et jusqu’à quand l’accord durera-t-il ?

La salle des séances des Communes est carrée. Le président, que l’on appelle orateur (speaker), a son fauteuil placé dans le bas, en face de la porte d’entrée. À droite et à gauche, la salle se relève en gradins sur lesquels sont les sièges des députés. Le public est placé en haut, tout autour de la salle.

Tout à côté du palais législatif, et communiquant avec ce dernier, se dresse une élégante rotonde qui sert de bibliothèque au Parlement. L’aspect extérieur de ce grand pavillon est aussi original que gracieux, et l’intérieur est non moins séduisant ; tout y est reluisant et entretenu avec le plus grand soin. Outre des livres de tout genre, on y trouve des dessins, gravures, cartes géographiques, médailles, etc., et jusqu’à une collection complète de timbres-poste. Une salle spéciale est consacrée aux journaux du jour, qui arrivent de tous les points du Canada et de l’étranger. La bibliothèque du Parlement a subi bien des vicissitudes, suivant toujours le gouvernement lors des changements de capitale, et a été plus d’une fois victime d’incendies qui ont détruit une partie de ses collections. Malheureusement, ce joli bâtiment pèche par un vice d’architecture : sa forme même en empêche l’agrandissement, et l’on prévoit, un peu tard, le moment où l’installation actuelle sera insuffisante. Deux bibliothécaires sont à la tête des collections : un Anglais et un Français. Ce dernier est M. de Celles, homme aussi érudit qu’aimable.

Sous la conduite de nos hôtes, nous visitons toute la ville, le musée,