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terre, de 77 à 135. La moisson de blé de 1918 ne connaît de rivale dans l’histoire agricole des États-Unis que celle de 1915 ; malgré l’accroissement continu de la population, elle a laissé libre pour l’exportation une masse de près de 110 millions d’hectolitres. La récolte de 1919 ne le cède guère en abondance. Tandis que l’Europe s’inquiète pour son pain quotidien, les États-Unis redoutent la pléthore, car leurs excédents de récolte rencontrent sur le marché le trop plein de l’Argentine et de l’Australie. Sans les grains du Nouveau-Monde, l’Europe ne mangerait pas à sa faim ; cette situation date d’avant la guerre ; mais la guerre a rendu critique la question des vivres ; pour la seule année de 1916, l’Europe reçut des États-Unis plus de deux milliards de francs de farine ; elle continuera à dépendre d’eux et des autres pays neufs pour une large portion de sa subsistance.

Pour combler le déficit des récoltes européennes, les pays qui travaillaient en paix ont développé leur production ; il en est même qui l’ont créée de toutes pièces. Nulle part cet essor ne fut plus rapide que dans l’Amérique du Sud ;