Page:Demangeon - Le Déclin de l’Europe, 1920.djvu/30

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une véritable révolution économique s’y prépare. En Argentine, d’énormes achats de blé se sont faits pour le compte de l’Angleterre et de la France ; partout on sème en blé de grandes étendues de terre qu’on avait jusqu’ici consacrées au maïs ; devant l’abondance des récoltes, on se demande avec inquiétude comment on pourra les emmagasiner, puis les embarquer pour l’Europe ; pour la seule année de 1917-1918, l’Argentine disposait de quatre millions de tonnes prêtes à l’exportation ; la vente du blé à l’Europe s’élève aux proportions d’une affaire nationale ; en 1919, on l’a réglée par une convention entre le gouvernement argentin et les gouvernements de Grande-Bretagne, de France et d’Italie. En 1918, l’Argentine exporta 4 325 830 tonnes de grains valant 535 millions de pesos (blé, 2 437 209 tonnes ; avoine, 646 765 ; graine de lin, 164 958 ; maïs, 825 935) ; ce commerce représente la grande fortune du pays ; au début de 1919, la grève des dockers de Buenos-Aires, qui menaçait de l’arrêter, apparaissait comme un fléau national. C’est aussi l’Europe qui absorbe presque toute la récolte de l’Uruguay.