Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/109

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retombait sur son gilet de satin abricot, un habit « gorge de pigeon » et une culotte de panne verte.

— Qu’il est laid ! fit Jasmin.

Martine remisa l’effigie en riant.

— Le Roi est un bel homme, dit-elle. Et il aime Mme d’Étioles à la folie. Il la comble de cadeaux. Nous avons des cages chinoises remplies d’oiseaux et dont les barreaux sont en or. Elles se trouvent près de tes fleurs et ton présent se mêle à ceux du Roi.

Ces paroles, ranimant en Jasmin de secrètes fiertés, excitèrent sa joie de glisser des fleurs parmi les porcelaines. Il fourra des jonquilles en des vases d’un bleu céleste disposé autour d’un magot : elles nimbèrent la statuette accroupie d’un éclat de soleil. Des pots blancs portés sur des éléphants reçurent des bassinets d’or.

Martine aidait Jasmin. Sa robe aux tons de bigarreaux jetait des reflets au clavecin, à l’écran laqué, aux petites tables vernies en aventurine. La soubrette se mirait dans les glaces des trumeaux : elle y souriait, et ressentait un vif plaisir à frôler les mains de Buguet quand elle lui prenait des fleurs. Elle mit des lilas dans un long cornet de cristal.

Mme d’Étioles revint. Elle s’amusa du contraste que son arrivée produisit chez les jeunes gens. Martine