Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/117

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violon et de basse. À la clarté de la lune et de quelques lanternes suspendues à des arbres, Mme d’Étioles dansait le menuet sur un tapis carré de gazon tondu à l’anglaise. Elle avait mis la robe rose et attentive regardait le bout de ses pieds sur l’herbe. Un maître battait la mesure, une pochette d’une main, un archet de l’autre. Deux musiciens jouaient dans l’ombre sous les branches ; un abbé et un seigneur regardaient la danseuse.

Elle était d’une grâce sans pareille. La lune avait l’air d’inonder d’argent une gerbe de roses. Le visage de Mme d’Étioles souriait dans un reflet furtif de lumière. Les cheveux poudrés brillaient comme un casque doux. Au moment où Jasmin la vit, Mme d’Étioles leva ses bras dans la lueur nocturne.

— Reprenez, dit M. Guibaudet, le maître de danse.

Quand Jasmin fut dans sa carriole, sur la route qui, par Tigery, Nandy et Saint-Port, mène à Boissise-la-Bertrand, il se prit à chanter sous l’ombre bleue des hauts arbres. Martine et Mme d’Étioles passaient devant ses yeux, dans la robe rose, l’une avec sa jeunesse verte, l’autre entourée de son aristocratique mystère. Elles se mariaient, se mêlaient dans sa songerie. Leurs regards se rapprochaient en un rayon, leurs sourires finissaient par se fondre, leurs bras, leurs gorges,