IX
La marquise de Pompadour laissa Martine et son époux un mois à Boissise-la-Bertrand. Puis elle lui ordonna de la rejoindre avec Jasmin à Paris.
Le jour du départ, on se leva avant le soleil. La mère avait les yeux rouges. Elle donna à Martine un chapelet qui avait appartenu à l’aïeule de son fils :
— Égrène-le souvent et pense à moi !
L’excellente femme remit aussi à sa bru un poulet grillé, une miche de pain, de la galette froide :
— Vous allez faire un si long voyage, vous vous rendez si loin, mes pauvres enfants ! Et Dieu sait où vous entraînera votre diablesse de marquise !
Elle fit des recommandations à Jasmin :
— Sois bon mari, récite tes prières !
Les apprêts du départ s’accomplissaient à la lueur de deux chandelles. Tiennette vint, malgré qu’il fît encore nuit ; elle dit à Martine :
— Tu m’écriras si tu deviens enceinte.
Elle embrassa sa grande amie et lui glissa à l’oreille :