Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/159

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un dôme bas à gauche, une forteresse gigantesque à droite.

— Paris ! clama un marinier.

Buguet regarda, sous les trophées du firmament, la ville rongée par la lumière.

— Est-ce grand ! dit-il à Martine.

— Dame ! c’est là qu’il y a le Louvre !

— Et cela ? demanda Jasmin en montrant la forteresse.

— La Bastille. Dieu t’en préserve !

Ils prirent deux crocheteurs pour les aider à porter leurs mannes. Ayant contourné la Bastille, dont Jasmin regarda longtemps les fenêtres scellées de grilles, les gros donjons, la corniche, les échauguettes et les canons braqués au-dessus des créneaux, ils arrivèrent à la rue Saint-Antoine. Des échoppes de pâtissiers, de tourneurs, de bimbelotiers, d’apothicaires y flanquaient les murs de la forteresse, comme des cages pendues aux pierres grises. Du populaire, par ce soir de juin, s’ébattait le long de la maison de la Pomponette, qui a une terrasse fleurie, de la maison de la Tournelle, qui possède une poivrière, de la maison du Lunetier, qui est pointue. Une vacherie épandait de chaudes odeurs d’étables jusqu’à l’auberge du Lion d’Or, où s’attablaient des gardes du Roi et jusqu’à l’hôtel de Mayence, devant lequel s’arrêtait un carrosse. Une chaise à porteurs passait, et deux grisettes troussées