Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/166

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ce que je déplore, c’est qu’ils ont servi à une femme. Rien n’est impur comme la bouche d’une femme ! On y trouve peut-être la plus grande source de péchés. La bouche savante d’une luronne damne à coup sûr un homme ! Vous rappelez-vous le pigeon que j’apprivoisais à Étioles ? Je remarquai que les caméristes l’embrassaient. À partir de ce jour je cessai de lui donner à boire entre mes lèvres. Ah ! le contact d’Ève ! Quand je fus à votre noce, Martine me passa pour plumer les chapons le tablier qu’elle portait. Il était tout chaud d’elle. C’eût été une volupté pour vous, sans aucun doute. Eh bien, il me brûla comme une flamme de l’enfer.

— Eh ! Eh ! Pourtant, à Étioles, vous adressiez des bouquets et des vers à Martine !

— C’était pour l’éprouver, déclara le cuisinier avec l’onction d’un prêtre.

— Quelle idée !

— Ah ! loin de moi toujours l’idée de la fornication que je laisse aux bêtes ! Mais quand je vois une femme à mes côtés, je la tente…

— Vous avez la beauté du serpent, interrompit, Jasmin ironique.

— Je la tente, reprit Piedfin, et si elle donne dans mes embûches, si elle se compromet, je la délaisse, et j’apprends à son père, à sa mère, à son fiancé, si elle est fiancée, la faute qu’elle a failli commettre !