Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/179

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qu’on appelât Messieurs de l’Isle et de l’Assurance. Elle inspectait les constructions et les jardins et donnait des conseils que les architectes acceptaient. Elle changeait la courbe d’une rampe, la place d’une fabrique, agrandissait les hortolages, projetait des pattes d’oies, des ronds-points, des étoiles. Un jour elle fit venir Buguet :

— C’est ici que je veux créer un jardin potager. Le terrain y est-il propice ?

Suivant l’usage des jardiniers, Jasmin mit une poignée de terre dans un verre plein d’eau et passa ensuite cette eau dans un linge. Il but.

— Ce n’est ni âpre ni amer, déclara-t-il. Le sol est bon pour les légumes.

Le Roi accompagna plusieurs fois la Marquise. On voyait arriver de loin les carrosses avec les escadrons rouges de la maison royale. La cavalcade approchait au galop. Les chevaux en masse dansante agitaient comme des bannières leurs cavaliers qui rebondissaient jusqu’à frôler les branches les plus basses des arbres. Les carrosses étaient cahotés à travers les ornières, et le soleil faisait briller le cuir de leur toit.

Le Roi paraissait heureux de descendre de voiture. Il offrait la main à Mme de Pompadour. Louis XV marchait avec élégance sur les chemins qu’on avait tracés pour lui. Il s’intéressait à la coupe des arbres, au plan de l’orangerie, aux futurs parterres,