Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Elle m’aime, se disait Buguet, elle m’aime à en mourir si je la trahissais !

Il la plaignait, s’accusait et sanglotait à la fois d’amour et de pitié en songeant aux deux femmes.

Elles arrivaient souvent. La camériste restait plusieurs jours, logeait à Brimborion. Comme pour se faire pardonner ses fautes cachées, Jasmin dévorait Martine de baisers. Il la choyait de repentirs, de câlineries ardentes et parfois d’une ivresse presque douloureuse. Il avait envie de demander pardon à Martine, tandis que ses lèvres parcouraient sa gorge et ses épaules. Et l’épouse répondait à Jasmin par des caresses passionnées qu’elle avait devinées dans l’alcôve des favorites et qu’elle redoublait dès qu’elle voyait le regard de son mari plus lointain et sa bouche absente de la sienne.

Après ces nuits l’aurore laissait Jasmin endormi. Plus vaillante Martine se levait au chant du merle afin de préparer un fin régal à son mari.

C’était du chocolat apporté de Paris. Elle le faisait fondre dans une tasse de lait au-dessus du feu silencieux de trois bouts de chandelles. Patiente, Martine attendait l’ébullition pour éveiller d’un baiser le dormeur. Puis elle l’empêchait de quitter son lit.

— Je veux que tu manges comme le Roi, disait-elle.

Quant à Mme de Pompadour, elle ordonnait à son arrivée