Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Un dimanche, comme elle revenait de l’église Saint-Romain, à Sèvres, elle jeta son gant qui s’était déchiré au fermoir de son paroissien — un gant de chevrotin, en peau blanche cousue à la diable, avec de fines rosettes de couleur incarnate.

Jasmin, d’un geste de voleur, le ramassa au coin d’une allée, le porta à ses lèvres.

— Cela sent bon ? fit une voix ironique.

C’était Agathon Piedfin.

— Odeur de femme, odeur de diable ! dit le marmiton.


L’hiver vint et par ses gelées et ses neiges ralentit les travaux. Jasmin écrivit de longues lettres à sa mère ; il faisait l’éloge du Roi et de la Marquise. Il se disait le plus heureux des hommes. Une seule chose le chagrinait : Martine, obligée de suivre sa maîtresse, n’était jamais près de lui. « Cela ne durera qu’un temps, ajoutait-il, le château achevé nous logerons ensemble dans les communs. » Néanmoins il avait parfois l’âme en peine ; le dimanche surtout, quand, après la messe, il n’avait à ses côtés ni sa douce femme, ni sa bonne mère, il se sentait sans foyer. Souvent il mettait son repas dans un panier et malgré le froid s’installait sur une terrasse au milieu des pelles et des pioches en repos comme lui. Jasmin racontait à sa mère que Martine était venue de Paris, un matin de décembre, tout exprès pour lui apporter