Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/191

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Des deux côtés du château, M. de l’Isle préparait d’immenses parterres de broderie. On y disposait les nilles de buis d’Artois, les feuilles et les rinceaux que les aides emplissaient de mâchefer. Le dessin se déroulait avec des allures de grand serpent aux multiples têtes qui présentaient des palmettes, des fleurons, des panaches, des dents de loup ; les courbes naissaient d’un nœud ou d’une agrafe et se terminaient en volutes. Mme de Pompadour voulut que des fleurs de lys héraldiques et ses propres armoiries fussent mêlées à ces caprices.

En août Jasmin et ses aides se rendirent dans les bois pour déraciner les églantiers. Quand ces arbustes furent alignés dans la terre de Bellevue, Jasmin y greffa des rosiers de Virginie et de Gueldre, ceux de Muscat et de Chine, ceux de Damas et des panachés.

Mme de Pompadour surveillait ces travaux délicats. Elle s’aventurait au milieu des églantiers et une fois elle passa à Jasmin le brin de laine nécessaire à la ligature de la greffe. Mme de Pompadour voulait beaucoup de fleurs dans ses jardins et Buguet l’entendait parler avec M. de l’Isle de la sévérité de l’horticulture française. Elle prétendait y jeter plus de fantaisie, plus d’éclat et plus de nature. Elle se moquait des vieux parterres du Louvre où jadis figuraient des chiens tenant des palmettes, des dauphins bizarres et des vases ! Fi de tout ces grotesques !