Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/192

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Mme de Pompadour voulait faire dominer les fleurs.

— Ce sont les jolités du Bon Dieu !

Les fleurs possédaient la vie, la grâce, la couleur ! Elles étaient variées et innombrables comme les cœurs humains ! Elles avaient des vices : l’orgueil, la paresse, la volupté, et des vertus : l’amour, la tendresse, la modestie. Le pavot versait le sommeil, l’aconit donnait la mort !

Mme de Pompadour déclara que les fleurs étaient l’âme de tout art. Elles serviraient de modèle aussi bien à une toilette (n’est-ce pas la nature qui les pare ? ) qu’à une coupe (ne sont-elles pas destinées à recevoir la rosée du matin ? )

Jasmin, accroupi parmi les épines des églantiers, les pieds dans la terre humide qui sentait la sève, écoutait cette voix. Il n’avait jamais entendu parler ainsi. M. de l’Isle lui-même paraissait sous le charme. Longtemps, ces paroles revenaient aux oreilles de Jasmin, ailées et irritantes.

On comptait inaugurer Bellevue à la fin de novembre. Les tapissiers déballaient les meubles, depuis les bras de fleurs de Vincennes, les feux de bronze, les girandoles, jusqu’aux brocs lapis et or, aux assiettes de Saxe, aux couteaux à manche vert.

Le 24 novembre, le Roi, revenant de Fontainebleau