Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/199

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avaient été forgés avec d’anciennes épées, qui fournissent les meilleurs outils de jardinage. Jasmin les maniait, émondant, faisant tomber les pousses et les rameaux qui compromettaient les symétries. Ce zèle fit répéter par M. de l’Isle le proverbe qui avait cours parmi les gens d’horticulture :

— Les jardiniers étêteraient leur père, s’il était arbre.

Ce disant M. de l’Isle riait.

Buguet eut des attentions précieuses pour les orangers, ses arbres de joie. Il s’en approchait sur la pointe des pieds, caressait légèrement les fruits comme des seins de vierge. Les serres étaient chauffées par des terrines de fer pleines de charbon ardent ou par des poëles d’Allemagne. Jasmin fit ajouter des lampes suspendues, qui répandent une chaleur égale et uniforme.

Il préparait les bouquets pour le corsage de Mme de Pompadour. Il y mettait à la saison beaucoup de muguets et plus tard mariait heureusement les roses de tons différents. Le jardinier glissait ces touffes dans de petites bouteilles masquées de rubans verts et emplies de façon à conserver la fraîcheur des plantes. Il confectionna aussi des « navets » à la mode du temps. Il les creusait d’un coup de couteau et y introduisait des oignons de jacinthes : ce mélange mis à l’eau, on voyait, distraction