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XI


Pendant des années, Jasmin soigna le jardin de Bellevue avec un zèle que d’habitude les jardiniers n’apportent point à leur besogne. Du matin au soir il y veillait et les premières lueurs de l’aube le trouvaient l’arrosoir au poing, le râteau à l’épaule, les pieds dans la rosée, au milieu des parterres. Le soir, il se reposait lorsque les ténèbres avaient éteint la dernière tulipe, le dernier œillet.

Fervent disciple de M. de l’Isle, Jasmin voulait que les masses des plantes eussent des profils aussi élégants que les scabellons de marbre ; il voulait les allées propres comme les tapis d’un salon, et aux boulingrins des fraîcheurs d’émeraude. Il dirigeait de minutieux échenillages, chassait les taupes ; il lâcha dans le parc plusieurs vanneaux et des pluviers, après leur avoir coupé l’aile et afin qu’ils prissent les limaces, les taons et les turcs.

Jasmin possédait d’excellents instruments qui luisaient ainsi que des armes, effilés ou tranchants. Certains