Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/20

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— Tiens, c’est de Mme d’Étioles !

Et il songea à Mme d’Étioles. Il se la figura pareille à la fille d’un lord qu’il avait vue au parc de Vaux-Pralin quand il s’y trouvait en corvée. Cette anglaise était pâle comme la gordon et, ainsi que cette fleur, vêtue de mousseline blanche.

Jasmin côtoyait le fleuve. Une poule d’eau s’envolant des roseaux le tira de sa songerie. Il prit dans sa pochette la grosse montre d’argent qu’il tenait de son père. Le petit forgeron du cadran frappa huit coups sur son enclume. Jasmin, rassuré, continua lentement sa route.

Mais une femme vint l’accoster : Nicole Sansonet, la pêcheuse d’anguilles — une gaillarde qui n’eut point peur des chevau-légers en son temps et qui, frisant la quarantaine, regardait encore les garçons avec une flamme au fond de l’œil. Sa cornette couvrait une figure rougeaude, son tablier à bavette dissimulait mal de grasses rondeurs. Elle portait sur le dos une hotte pleine de poissons ; une gourde battait ses fesses.

— Belle journée, Jasmin, dit-elle. Il faut en profiter. Elles vont se faire rares, mon gas !

Ils cheminent côte à côte. Tout à coup la commère regarde son compagnon en face :

— À propos, toi, t’es pas encore marié ? T’es dans l’âge pourtant ! On l’avait annoncé, ton mariage ! On croyait que ce serait aux prunes ! Et puis, pan !