Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/19

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— Vois, dit M. Leturcq avec un geste rond et une mine satisfaite.

Jasmin s’arrêta devant deux tubéreuses. Blanches sur leurs longues tiges vertes et rougissant, comme honteuses de la volupté qui s’émanait de leurs corolles, capiteuses elles s’offraient au milieu d’un groupe de bromélias bigarrés qui semblaient épris des nouvelles venues.

— Caresse ! C’est doux, dit M. Leturcq. Jasmin obéit ; sa main trembla.

— Et celle-ci ? continua le vieux jardinier. C’était la Gordon des Anglais (ainsi appelait-on alors le gardénia ! ), tout aristocratique et élégante.

— Sont-elles belles ! murmura Buguet. Vous devez être fier de les montrer, monsieur Leturcq.

— Dame ! On a son amour-propre ! Malheureusement les connaisseurs sont rares.

Jasmin reprit sa route, émerveillé. Ces tubéreuses ! Sa cervelle en était troublée. Il lui semblait qu’il venait d’assister au déshabillé d’une princesse au jour de ses noces, dans un de ces contes qu’il lisait aux veillées. Et il était l’époux ! Il avait touché la chair blanche : sa main en restait parfumée !

Il reconnut aussi que l’odeur des tubéreuses était pareille à celle du flacon que Martine lui avait donné un jour en disant :