Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/208

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or et parfois s’élançaient furieux vers les moutons qui du verger gagnaient la ménagerie, en agitant par la grande allée leurs oreilles transparentes comme des coquillages et en sautant sur leurs sabots qui imitaient le bruit de la grêle. Louis XV et sa maîtresse menaient à Bellevue une vie que le marquis d’Argenson appelait méchamment « à pot et à rôt », mais qui les distrayait infiniment. Certains après-midi d’été, le roi vidait, à l’ombre des érables de Virginie, quelques flacons de vins de Champagne, dont il raffolait, et qu’on lui apportait de la glacière, puis il faisait la sieste dans la petite grotte, par les ouvertures de laquelle le monarque entrevoyait la cascade et les deux nymphes de Pigalle.

Jasmin et Martine entretenaient avec les autres serviteurs de la Marquise de bonnes relations de camaraderie. Le caractère de Buguet le faisait aimer de l’heyduque aussi bien que du surtoutier, du délivreur et du maître queux. Flipotte avait oublié ses premières préventions contre le jardinier. C’était d’ailleurs une excellente fille, un peu libertine et volage, mais que voulez-vous ?

— J’ai un cœur mobile comme le vif argent, avouait-elle.

Flipotte n’était point de ces soubrettes qui feignent des langueurs et des évanouissements comme leurs