Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/209

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maîtresses, qui s’imaginent aux antipodes aussitôt qu’elles sont à Grenelle et se croient les plus fines jolivetés des hôtels de leurs patrons. Elle était rustique et gaie, ce qui plaisait à Martine. Cependant elle conservait l’habitude de médire de la Marquise, parlait de cantharides dont usait la favorite pour se rendre plus chaude auprès du roi :

— L’autre fois, elle affirma à Mme du Hausset que Sa Majesté la trouvait un peu macreuse.

— Macreuse ? interrogea Jasmin.

— C’est du gibier de carême, d’un sang très froid, répondit Agathon.

— Comme celui des poissons, s’écria méchamment Flipotte.

Elle ajouta que la Pompadour se fanait, qu’elle prenait du pavot pour dormir et du quinquina, que ses seins deviendraient bientôt pareils à des vessies, surtout à cause de ses fausses couches.

Jasmin protesta. Il revoyait toujours la Marquise telle qu’elle était apparue à Sénart, huit ans auparavant, et ne s’apercevait pas des artifices de toilette, qui, suivant un petit maître, eussent réveillé des yeux morts, fait renaître des dents, embelli des cadavres, ranimé des squelettes.

— Sais-tu, dit-il à Flipotte, qu’on vient de condamner au carcan et aux galères un laquais qui avait dit des sottises de sa maîtresse ?

— Je ne dis point des sottises, mais la vérité !

— La vérité !