Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/22

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Eustache Chatouillard, notre voisin, a promis de venir me prendre dans sa carriole pour aller à Sénart, où le Roi chasse en forêt. Mais il faut que j’aide mon homme à mettre les peaux dessaigner dans la rivière. Va à Sénart à ma place !

Jasmin hésita.

— C’est des choses qu’on voit une fois dans sa vie, insista Gillot.

Eustache arriva sur ces entrefaites. Il poussa des exclamations en apprenant que la mère Gillot était empêchée. Mais il enleva Jasmin.

— Je suis certain que le Roi vient, affirma-t-il. Je le tiens de grenadiers à cheval qui raccommodaient la route.

Comme Jasmin s’étonnait que des soldats vinssent réparer les chemins pour un seul passage de carrosses :

— Ah ! Ah ! reprit Chatouillard, c’est qu’il y a des dames dans les carrosses, et les cahots, ça ne fripe pas seulement les atours ! Il y a autre chose en dessous qu’il faut soigner ! … Ça te fait rire, jardinier ! Tu ne t’assieds pas sur tes laitues quand tu les portes au marché de Corbeil ?

— Eh ! J’ai trop souci de ma marchandise !

— Chacun a souci de la sienne, mon gars ! Hue, Bourry !

Le cheval trottait ferme, excité par les éclats de voix d’Eustache et les coups de fouet. Les jeunes gens