Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/23

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atteignirent Nandy, dont la petite église sonna dix heures. Ils traversaient les champs déjà fauchés où les perdrix couraient dans le chaume. Les meules posaient leurs cônes d’or à côté des bosquets d’un vert sombre ; une brise légère fit glisser le frisson pâle des feuilles retournées.

Le village de Lieusaint, où ils arrivèrent bientôt, était encombré. Un air de fête soufflait. Les groupes de paysans allaient, venaient, avec des fermières en coqueluchon noir ou en chapeau de paille ; une quêteuse de grand chemin, ses souliers à la ceinture, regardait, l’air ahuri. Un âne chargé d’ustensiles revenait du marché de Corbeil, accompagné de laitières portant le pot de cuivre sur la tête et de gamins qui avaient été vendre des noisettes au litron.

Les grenadiers à cheval caracolaient, sous leur bonnet rouge garni de peau d’ourson.

Ils avaient les sabres au clair ; de longs fusils et des épieux battaient leurs cuisses.

Au fond de la longue, et large route qui, bordée au bourg de fermes et de maisons blanches, pénétrait ensuite dans la forêt, au loin, près du carrefour de Villeroi, à l’extrémité de l’allée que barraient les grenadiers, une foule multicolore papillonnait, jetait et mêlait des taches blanches, pourpres, jaunes. De clairs personnages sortaient des coulisses de l’horizon. Ils apparaissaient,