Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/222

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Il ôta son épée, en dardant sur Tiennette un œil plein de flammes ; l’abbé fit un clin d’œil au rôtisseur et la petite compagnie s’installa autour d’une table.

— Le joli morceau ! dit l’homme à la perche en regardant Tiennette. Voilà une fille de corps de garde ! Elle attirerait des recrues à nos boutiques, sous le drapeau armorié, et ferait signer des engagements !

— Mon cher, interrompit Bachelier, elle n’est vraiment point faite pour servir de complice à un vendeur de chair humaine ! Elle est trop jolie et je la conduis à Versailles, où je la mets en sécurité.

— Ah ! protesta le recruteur, je cherche des hommes pour les colonels qui les repassent au Roi. Les jolies enjôleuses servent leur souverain ! D’ailleurs j’ai des sacs d’écus, et puis ma perche : elle excite l’appétit de ceux qui échappent à la luxure !

Le repas fut gai. Le racoleur ne cessait de lancer des regards brûlants à Tiennette. La fûtée ne paraissait pas insensible à l’admiration du beau gars.

— Vous serez heureuse à Versailles, lui dit Bachelier.

Agathon se montrait aux petits soins près de l’abbé. Il lui avoua qu’il avait porté la tonsure.

Le prêtre se prit à rire.