Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/221

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— À ces mots la Samaritaine offrit un charme de plus à Jasmin. Au-dessus du fleuve qui reliait Boissise à Bellevue, elle devint à ses yeux une source de fleurs : il aperçut des lueurs roses dans la nappe qui s’épandait et les petites cloches du faîte furent comme de grosses campanules luisant au soleil.

Enchanté de sa matinée, Buguet fut à midi à la rue Vide-Gousset. Il retrouva dans la rôtisserie Martine, Tiennette et Agathon Piedfin, qui venait d’entrer.

Buguet offrit un verre de vin blanc en attendant l’arrivée des laquais. Ceux-ci ne tardèrent point. Le vieux, Bachelier, était connu de Jasmin. Toujours en noir il se donnait l’air paternel d’un bon curé. L’autre, Lebel, jeune et coquet, entra dans la rôtisserie en faisant des courbettes, esquissa des gestes caressants, l’œil langoureux, la bouche en cœur. Les valets étaient accompagnés d’un abbé et d’un personnage singulier qui se présenta la tête haute, en frisant sa moustache, une épée à la hanche et à l’épaule une perche où pendaient des dindons, des poulets, des cailles et des levrauts.

— Des amis, dit Bachelier d’une voix terne.

On se salua. L’homme à l’épée déposa sa perche dans un coin.

— Ne te trompe pas, dit-il au rôtisseur, et ne fourre pas mon gagne-pain à la broche.