Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/243

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Quelques jours après le Roi vint avec Mme de Pompadour. Le ciel d’août dorait les cimes des arbres et au loin les blés. Les moulins tournaient. La Seine était paresseuse et le château de Bellevue semblait prêt à s’endormir parmi ses fleurs et ses statues. Mamert Cornet se trouvait du voyage. Il était costumé en piqueur de cerf et portait des gants de vénerie. Il se mêla aux domestiques. Agathon seul le reconnut.

— Le Roi est triste, dit un cocher qui avait conduit le carrosse du monarque. Dans chaque village il a demandé combien on avait depuis un mois creusé de tombes neuves. Il a peur de mourir.

— Dame, fit Agathon, à chacun son tour d’aller au ciel, au purgatoire ou en enfer ! Mais le Roi est-il préoccupé de ces idées ?

— Sa Majesté prédit que les mânes de Ravaillac se réveilleraient un jour et qu’elle mourrait comme Henri IV !

— Ceci est grave et il faut qu’on prenne des précautions, reprit Agathon.

— Est-ce que le Roi s’est fait dire l’avenir ? demanda quelqu’un.

— C’est notre maîtresse qui va chez la tireuse de cartes avec une verrue postiche et un faux nez, répliqua Flipotte !

On rit. Jasmin sortit. Il alla soigner les bêtes : le sapajou attaché par une chaîne d’acier à sa boule brillante,