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XIV


Le départ, deux jours après, fut des plus tristes. Le petit château, dans la lumière d’hiver, parut à Jasmin pâle comme le visage d’un mort. Le parc était en deuil, des corbeaux vinrent du bois de Boulogne battant des ailes vers Grenelle. À côté de Martine, Flipotte s’essuyait les yeux. Valère embrassa dix fois les époux. Les aides jardiniers se montrèrent navrés. Mais personne n’osait trop parler. On ne savait au juste pourquoi les Buguet partaient et nul ne voulait se compromettre. Agathon Piedfin fut le dernier de la maison que Jasmin aperçut. Le marmiton s’écria :

— Je prierai pour vous !

La barque, chargée de mannes, se détacha de la rive et bientôt Bellevue disparut dans le brouillard. Il sembla à Jasmin qu’on lui volait un morceau de lui-même, qu’une part de sa vie s’évanouissait et que plus jamais le soleil ne transpercerait les lourds nuages qui encombraient le ciel.

L’eau clapota à l’avant du bateau. Dans la campagne