Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/250

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de Billancourt les labourés bruns s’estompaient derrière les buées. Chaillot montra à gauche ses villas trempées par les pluies, puis ce fut à droite, au fond de l’esplanade, l’hôtel des Invalides, solitaire dans la vaste plaine de Grenelle, avec la majestueuse façade de Mansard et le dôme à lanterne où l’or luttait avec la tristesse embrumée du ciel. Vis-à-vis, sur l’autre rive, autour d’un tapis de gazon, le Cours-la-Reine arrondissait en un cirque des rangées d’arbres où l’humidité noyait les dernières feuilles.

La barque s’arrêta au Pont-Royal. Jasmin et sa femme en descendirent et allèrent rue du Pot-de-Fer, chez un éperonnier avec lequel ils avaient lié des relations d’amitié à Bellevue, où il vendait aux piqueurs et aux gardes. Ils tombèrent au milieu d’une petite fête. La femme de l’éperonnier venait d’accoucher et les voisins accouraient avaler le coup de vin à la santé du poupon. Un potier d’étain était parrain et les parents avaient pris une perruquière pour marraine.

— Ainsi l’on pourra dire qu’il est né coiffé, fit le père.

Les Buguet furent reçus avec joie.

— Vous allez voir le petit ! s’écria l’éperonnier. Il pèse déjà six livres ! Une rôtisseuse de la famille nous offre une dinde qui pèse deux fois son poids pour le dîner de baptême ! Vous la mangerez avec nous.