Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/25

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— Celui de la duchesse de Châteauroux, continua le piqueur.

Cependant cette cavalerie à étriers vides empêchait les amis de voir : ils grimpèrent dans un orme et choisirent en ses fourches un commode observatoire.

Aux pieds des chênes et des bouleaux où sont accrochés les cors et les couteaux de chasse, c’est un fracas d’uniformes, une allée et venue de chevau-légers, de meutes tenues en laisse, un effarement de marmitons qui portent sur de grands plats des hures, des lièvres rôtis et des fruits. Les hêtres abritent le repos de mules à panaches et oreillères de cuivre. Et partout où s’étendent de l’herbe et, un peu d’ombre, des seigneurs, des officiers, des dames se régalent, assis ou couchés autour de nappes jetées sur le sol.

Jasmin est ébloui. Cette cour qui s’ébat parmi les mousses, l’attrait de ces visages, l’étourderie de ces amazones qui ménagent des retroussis de jupes d’où sortent de jolis pieds chaussés de maroquin violet, ces gentilshommes qui arborent des cordons bleus sur la poitrine et appuient la main sur leur cœur, ces abandons aimables, tout le charme de cette aristocratie, que le jardinier a déjà entrevue dans les châteaux de Melun, le ravissent.

— Que c’est beau ! murmure-t-il.