Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/265

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Quand ils rentrèrent tout le monde les imita.

La Monneau, de son œil sec de vieille poule, suivait toute la cérémonie. À la communion elle dit :

— Pourra-t-elle garder le bon Dieu ?

Elle découvrit les pieds pour qu’on y mît les saintes huiles.

La tante Gillot était affolée, ses soupirs gonflaient son épaisse poitrine, ses joues luisaient sous les larmes. Mais elle pleurait plutôt sur elle-même, car elle répétait avec douleur :

— À qui sera-ce le tour maintenant ?

La femme d’Eustache, l’air hébété, tenait dans ses bras son dernier-né, qui frappait de ses petits pieds le ventre de sa mère, resté gros. Pendant la prière des agonisants, Laïde, qui en épiait l’effet sur les traits de la moribonde, s’écria tout à coup :

— Elle a passé !

D’une main fébrile, Jasmin présenta le miroir aux lèvres de sa mère : il ne ternit pas. Le jardinier chancela. Le miroir roula sur le sol.

— Heureusement que j’arrive, dit Nicole Sansonnet, qui retint Jasmin dans ses bras. Jetez-lui de l’eau à la figure !

Martine était déjà près de son mari. Elle baisait son visage douloureux, frappait le creux de ses mains ; elle tira de sa poche un vieux flacon de sels trouvé dans les rebuts de la Marquise et le lui fit respirer. Jasmin se ranima. Alors Rose Sansonnet lui