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Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/274

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À cause du décès de la mère et des objets du ménage qu’ils durent renouveler, les Buguet furent forcés, dès la seconde année de leur retour, d’entamer fortement leurs économies. Les commandes n’arrivant pas, le pécule s’épuisait. Le fleuriste vendit au prieur de Saint-Guenault, à Corbeil, les livres de M. de la Quintinye, et ses gravures de jardins de propreté aux religieuses Augustines qui voulaient créer des parterres près de leur église de Saint-Jean-de-l’Ermitage. Elles employèrent même Buguet durant quelques jours. Il dut orner les autels et se rappela la façon dont Piedfin formait jadis les bouquets destinés au culte. Le talent qu’il montra le fit rappeler pour garnir des églises et les jardins des curés, à Notre-Dame de Corbeil, à Saint-Léonard et à Saint-Jacques.

Mais ces profits ne suffisaient point à rendre à la maison de Buguet sa petite aisance. D’ailleurs, les dîmes, la gabelle, les corvées augmentaient. L’État saignait le peuple à fond. Les artisans et les laboureurs se plaignaient.

Un maréchal ferrant, qui venait quelquefois chez Jasmin prendre des feuilles et des fleurs de châtaignier pour guérir les chevaux poussifs, racontait les misères des pauvres et la méchante humeur de ceux qui souffraient :

— Les gens deviennent des bêtes, affirmait-il.

Dans le village on accusait les Buguet :