Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/285

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À ces nouvelles, le vieux Jasmin vacilla sur ses jambes. Son visage, tout fripé par les rides et qu’encadrait une barbe argentée, devint plus pâle.

— On vit trop ! On vit trop ! murmura-t-il en levant une main tremblante.

Pierre Règneauciel entra chez lui, désigna le portrait de la Pompadour :

— Tu devrais brûler cela !

— Non ! s’écria le vieillard d’une voix rauque.

— Cela te portera malheur !

Les jours suivants, Pierre se promena dans le village avec quelques galvaudeux. Ils donnaient les détails sur l’événement du 14 juillet. Ils mirent des feuilles vertes sur leurs feutres cabossés pour imiter Camille Desmoulins au Palais-Royal : ils remplacèrent bientôt les feuilles par une cocarde rouge et bleue et Règneauciel agita une pique de garde national, qu’un marinier lui avait apportée de Paris.

Bientôt on apprit que les paysans boutaient le feu aux châteaux par toute la France. Jasmin craignit pour celui de Bellevue. Il le voyait avec ses quatre murailles noires, son toit écroulé, les serres détruites, les orangers jetés sur le sol comme les révoltés que la mitraille avait tués le long des murs de la Bastille. Le soir il fouillait l’horizon du côté d’Étioles.

Cependant les événements se calmèrent pour de longs