Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/292

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les cierges bénits. La statue de la Vierge était promenée au milieu de leur bande sur un âne et une grosse « Mariane » toute rouge brandissait le petit porc de saint Antoine. Trois hommes sur une planche portaient la cloche. Tous hurlaient. Au milieu, Pierre Règneauciel, coiffé du bonnet phrygien, agitait sa pique au bout de laquelle se trouvait enfilée une toque de curé.

— C’est là ! dit-il.

Il montrait du doigt la maison de Jasmin. Quatre gaillards enfoncèrent la porte. Les Buguet se blottirent au fond de la chambre.

Un homme entra, en chemise déchirée, les mollets nus. Ses yeux brillèrent quand il aperçut la Belle Jardinière :

— La Pompadour, je l’ai connue en ma jeunesse ! J’ai logé à la Bastille pour un pamphlet à cause de cette arrogante Poisson ! Voyez, mes amis ! Je la retrouve !

Il agita un sabre sous la gravure :

— Tiens, crève, grisette formée pour le bordel, comme l’a chanté ton ami de Voltaire, crève, honte de la France !

Il donna trois coups à l’image. Le cadre vola en éclats, le portrait fut déchiré.

— Monstre ! s’écria Jasmin.

Il s’élança, armé d’un couteau, vers le brigand. Mais