Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/291

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Buguet et Martine n’avaient pu fuir. Ils s’enfermèrent dans leur maison.

Des cris retentissaient par le village. Martine, qui avait conservé de bons yeux, aperçut une fumée épaisse qui montait du cimetière.

— Ils brûlent les livres de messe, dit-elle, et les catéchismes.

Elle observa par une lucarne. Des coups de feu éclatèrent.

— Ils tirent sur la croix !

Martine crispait ses mains à une poutre, se hissant pour mieux voir.

— Ils décapitent saint Antoine devant la maison de Cancri ! … Ciel, le saint ciboire ! …

Elle fit le signe de la croix.

— Ils jettent les hosties ! Bon Dieu ! Ils outragent la Sainte Vierge !

Martine lâcha la poutre et vint haletante s’asseoir près de son mari.

Les émeutiers entonnèrent un « Dies iræ » qu’ils coupaient des refrains de la « Carmagnole ». Les Buguet entendirent briser les vitres de l’église et le bruit de la cloche qui tombait. Ils prièrent.

Tout à coup, la bande encombra le chemin qui descendait vers la Seine. Jasmin les aperçut par la fenêtre. Ils s’étaient vêtus de chasubles et de surplis qui leur mettaient au dos de l’or et des croix noires. Ils brandissaient le goupillon, les encensoirs,