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Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/33

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— Je suis jardinier, c’est Martine Bécot qui me les demanda hier.

— Martine ! Je ne savais point.

Mme d’Étioles sourit :

— Vous aurez ma pratique. Jasmin !

Elle remonta dans son phaëton et, ayant retrouvé toute sa grâce, prit les guides et partit.

Jasmin la suivit du regard. Elle disparut d’un coup, par un chemin de traverse.

Le jardinier s’en alla en songeant à nouveau.

La femme qu’il avait tenue dans ses bras, et dont il se sentit un instant aussi parfumé que s’il avait porté une brassée de fraxinelles, c’était Mme d’Étioles ! Ces mots chantèrent à son oreille : Mme d’Étioles ! Un sentiment suave descendit dans ses veines, un sentiment triste un peu et profond, tel qu’il n’en avait encore ressenti. Il lui sembla que son âme se fondait. La plaine et le bois lui parurent mélancoliques comme la fin d’une fête.

Poussé par une force irrésistible, Jasmin retourna près de l’arbre sous le tronc duquel Mme d’Étioles s’était reposée. Il s’assit. Un rien de parfum flottait encore. Le jardinier ferma les yeux : il revit la grande dame, avec ses œillades aux reflets de scabieuse et d’or, avec ses lèvres qui brillaient comme des cerises, son front hautain comme une