Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Vous m’avez fait quérir, la Buguet ?

— Oui, mignonne, il faut que tu nous aides.

— Bien volontiers.

Elles se dirigent du côté de Jasmin : juché dans les arbres, un tablier au ventre, il se courbe, se redresse, s’allonge :

— Ah ! te voilà Tiennette !

Il descend, tient l’échelle. Mais la petite veut grimper à l’arbre sans aide. Jasmin lui prête son dos : il sent à peine sur ses épaules le frôlement des pieds nus : Tiennette est dans les branches :

— Lance un panier, Jasmin !

— Attrape !

Elle s’assied au-dessus du tronc. Ses mollets hâlés passent sous ses courts jupons, polis comme du bronze, et dans les mouvements de la cueillette, insoucieuse du froid, elle montre un genou rond crotté de mousse et le bas de ses cuisses. Un rayon vient dorer l’enfant, éclairer ses dents blanches. Jasmin songe aux divinités enfermées au cœur des arbres et qui n’en sortent que rarement, à ce qu’il a lu dans les livres. Tiennette ainsi perchée, avec sa peau brune contre l’écorce, son regard de feu, ses cheveux en broussaille où pétille un grain de soleil, pourrait être la petite hamadryade jaillie de ce pommier pour en goûter les fruits. Des déesses plus puissantes doivent sortir des hêtres et des chênes. Jasmin en imagine une, écartant les branches