Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/40

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mariage vénitien, couvert d’emblèmes dorés sur fond blanc, et trop large pour sa tête à cette heure sans perruque.

Le marquis poussa un petit cri. Alors Tiennette s’aperçut de sa présence. Les yeux du vieillard brillaient et les rides de sa figure sèche étaient tirées par un sourire sans dents. Il esquissa deux baisers.

— Vous allez vous enrhumer, monsieur le marquis, s’écria Tiennette.

Elle s’enfuit, mais pour passer le ruisseau, sous les yeux du seigneur, elle releva sa cotte, bien que celle-ci fût déjà très courte et qu’il n’y eût qu’un mince filet d’eau.

Le lendemain la pluie nocturne avait apaisé le vent ; une légère brise déchira les brumes : le soleil se leva dans une claire pureté.

En ouvrant leurs volets, les paysans se réjouirent. Quelle bonne journée pour la vendange !

Voilà déjà les filles. Elles chargent les hottes ; leurs bonnets de mousseline battent des ailes. Les « jeunesses » crient et chantent. Et les garçons paraissent aussi, avec les mollets nus, les manches retroussées. Ils sont joyeux : on dirait que l’« azur », cette fleur délicate qui couvre le raisin, veloute leurs sourires. Une voix s’élève : elle lance une ariette :