Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/41

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Croyez-vous qu’Amour m’attrape
De m’avoir ôté Catin ?
Qu’ai-je à faire de la grappe
Quand j’ai foulé le raisin ?

La chanson vole au-dessus des haies, jusqu’à l’église, et réveille les échos de la Seine endormie.

Jasmin restait insensible aux rumeurs du village.

— Tu ne te rends point aux vendanges ? lui demanda la Buguet.

— Je n’en ai guère envie.

La porte s’ouvrit : c’était Martine ! Elle cria à Jasmin :

— Eh bien ! Tu n’es pas prêt !

La jolie fille s’avança, poing sur la hanche, un peu moqueuse :

— Vraiment, Jasmin, tu n’es point galant ! Fallait savoir que j’allais venir ! Allons ! Embrasse-moi !

Le jardinier lui donna un baiser sur chaque joue ; puis la jeune fille sauta au cou de la Buguet.

— Eh ! dit celle-ci, que tu sens bon et que tu as la peau doucette et blanche ! Prends-tu des bains de lait comme ta maîtresse ?

La soubrette éclata de rire :

— Mme d’Étioles se baigne dans l’eau claire !

Martine était affriolante avec son bonnet blanc, son corsage de percale, sa jupe d’un vert de scarabée qui laissait passer de fines chevilles et des souliers