Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/47

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nous aider ! Va de ce côté, où se trouvent les fillettes.

Voici l’oncle Gillot ! Il est chargé de paniers débordants de grappes encore froides de rosée. Il s’en débarrasse. Puis il s’essuie le front et tape sur l’épaule de Jasmin :

— Je suis content que tu sois venu, mon neveu ! Eustache Chatouillard nous est aussi arrivé.

Près de la porte du vendangeoir, Eustache, la culotte relevée mi-cuisse, dans une cuve emplie de raisins, foule, le torse nu.

— Bonjour, Jasmin ! s’écrie-t-il. On ne s’est pas revu depuis le jour de la chasse.

Gillot intervient :

— Vous causerez tout à l’heure. Mon neveu, je t’emmène au-dessus des roches.

Buguet disparaît avec l’oncle et plonge dans la mer des ceps.

Il cueille. Sa serpette habile coupe le pédoncule des grappes au bon endroit. Gillot bavarde. Buguet l’écoute d’une oreille. L’air qui passe, chargé de frémissement d’or des coteaux, les tons de turquoise du ciel, le calme du fleuve qui dort son sommeil de grand serpent d’azur, tout le fait songer à ce qui le tourmente. La vision de Mme d’Étioles réapparaît au-dessus des échalas. Le sentiment qui s’est emparé de Buguet sur la route de Lieusaint et n’a cessé de chanter en lui redouble en