Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/65

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sa vie ! Il lui fallait les baisers de Jasmin, il lui fallait ses caresses ! Elle avait grandi avec cet espoir et cet espoir prenait tout son cœur !

Ah ! jadis le garçon était distrait, trop peu chaleureux et Martine l’eût jugé maintefois indifférent si elle n’avait connu à fond son caractère. Trop souvent le baiser désiré se faisait attendre ! Jasmin était calme. Et voilà que Mme d’Étioles avait bouleversé tout cela d’un coup ! Martine n’avait plus reconnu son amoureux dans ce jardinier tour à tour boudeur et charmant, violent ou doux, fuyant sa compagne après le repas et lui prodiguant au départ des baisers qu’elle sentait encore !

— Pour ramener Jasmin, je veux ressembler le plus possible à ma maîtresse, se dit la soubrette. On peut se faire pareille à une autre. Quand Mme d’Étioles se grime pour jouer la comédie à Chantemerle, chez Mme de Villemer, elle prend parfois la physionomie de certaines personnes dont la compagnie veut rire.

Martine projeta même d’user de Mme d’Étioles auprès de Jasmin, en lui parlant d’elle, en arrivant embaumée de son parfum, en répétant ses paroles. Jeu cruel pour Martine ! Jeu dangereux ! Mais la soubrette, attachée à la grande dame par son affection et par la volonté de sa marraine, s’exaltait à l’idée de cette lutte amoureuse et savourait à l’avance les baisers plus profonds et plus fous de Buguet.