Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/64

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à m’en ôter l’envie. Quand on n’a pas un sou vaillant, ma fille, et avec ça des habitudes grandioses, faut savoir d’abord amasser l’argent et avant tout remplir son esquipot de pistoles !

— Je vous obéirai, ma marraine, dit modestement Martine en baissant les yeux.

Pendant que la paysanne lui faisait la leçon, la fine soubrette avait conçu un plan pour sauver l’amour de Jasmin et elle le rumina plusieurs jours durant.

Martine se disait que jamais Buguet n’oserait parler de sa passion pour Mme d’Étioles. Il serait au service de la châtelaine, dans son jardin, que rien n’en pourrait transpirer. Elle devinait au surplus les ambitions de sa maîtresse et savait que cette intrigante n’était point femme à prêter attention à un jardinier :

— C’est comme si au fond d’une cave on brûlait des chandelles pour une étoile !

Martine soupira pourtant :

— Plus jamais ce ne sera comme avant. Il y aura toujours celle-là entre nous.

Il valait mieux que l’intruse fût Mme d’Étioles. Martine n’en souffrait pas moins dans son affection pour Jasmin. Elle s’apercevait de la profondeur de cet amour. Ne pas devenir la femme de Buguet, ça la tuerait ! Elle l’aimait malgré tout et de toutes ses forces. Jasmin était sa joie, son rêve,