Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/76

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de la noble dame se poser sur lui, il se rappelle la pression de sa main, quand il l’a relevée. Plusieurs fois en une course haletante à travers le pays Jasmin est retourné au pied de l’arbre sous lequel il a déposé la fée : il s’y assied, écoute le murmure des feuilles et pour mieux revoir baisse les paupières. Un matin il a cru aller jusqu’à Étioles. Il a résisté, mais la lutte a été si forte qu’il était brisé comme s’il avait déraciné un chêne. Et puis à Étioles il eût rencontré Martine !

Martine !

Ce nom tinte dans les pensées de Jasmin. Il songe à la jolie soubrette. Elle l’aime, elle. Martine est douce, elle est bonne. Elle serait la compagne désirable, l’amie sûre et complaisante. Brave petit cœur ! Quand Martine lève les yeux vers Jasmin, que d’amour humble et dévoué il y découvre ! Si la pauvrette savait le tourment qui ravage son promis !

— Ça la ferait mourir !

Et dans une prière fervente, pleine de tendresse, interrompue par des sanglots, Jasmin supplie Martine, l’amoureuse de son enfance et de sa jeunesse d’exorciser l’intruse et de reprendre dans son cœur la place qu’elle occupait seule. Il la supplie, se jette en pensée à ses genoux, et cherche la coulée balsamique et lénifiante des regards de la villageoise.